4 juil. 2014

Interview - Jean FISCHER


 

Rencontre avec Jean FISCHER, baryton
(Henri de Corneville)

 

 
Jean Fischer dans le rôle de Splendiano, dans Djamileh de Bizet, au festival Bizet de Bougival, 2009.


Figaro Si, Figaro Là : Jean Fischer, votre répertoire de baryton vous amène à interpréter aussi bien des ouvrages lyriques, classiques ou plus contemporains. Cet été vous interprèterez le rôle de Henri, le marquis de Corneville dans notre production des Cloches de Corneville. Dans quel esprit aborde-t-on aujourd’hui cette œuvre qui connut un immense succès populaire dans les théâtres, même si on la rencontre un peu moins sur les scènes d’aujourd’hui ?

Jean Fischer : L'oeuvre est créée en 1871 après presque un siècle de révolutions et de conflits. On sent une volonté de réconciliation et les personnages sont tous humanistes à leur façon. Henri se dit citoyen du monde et serait prêt à épouser sa servante. Serpolette, quant à elle est une vraie féministe. 

Les Cloches de Corneville ont cependant souffert d’une tradition d'interprétation très codifiée et « extérieure » qui a quelque peu étouffé l'ouvrage. Par exemple, l’habitude prise dans beaucoup d’interprétation d’un accent « normand », qui n'était pas voulu par les auteurs.

Il est important de retrouver cette modernité et de souligner les qualités musicales et dramatiques qui sont réelles.



FDSL : Quelles sont les difficultés ou les spécificités de ce rôle ?

JF: On pourrait dire trois actes, trois barytons! L'acte I un est très tendu et fait penser à la voix de baryton Martin par la clarté de l'émission. L'acte II est beaucoup plus central et demande une couleur beaucoup plus sombre. On finit par les grands duos passionnés de l'acte III  qui sont très lyriques.  


FSFL : Les productions lyriques de Figaro Si, Figaro Là, ont comme caractéristique d’être montées sous un chapiteau de cirque itinérant. Vous en avez déjà l'expérience puisque vous interprétiez le rôle du baron de Gondremarck dans notre Vie Parisienne en 2011. Que pensez-vous de cette option ?

JF: Ce qui m'a le plus étonné pendant La vie parisienne, c'est la qualité de l'acoustique. Le plateau en bois donne aux voix une très belle résonance. Je suis aussi très sensible à l'idée d'une maison d'Opéra itinérante qui vient à la rencontre du public.


FSFL : L’art lyrique est souvent considéré comme une forme de culture « élitiste ». Qu’en pensez-vous et à quelles conditions peut-il devenir ou redevenir populaire ? Que diriez-vous à quelqu’un qui hésiterait à venir assister à l’une de nos représentations ?

JF: Nous avons tous des idées préconçues dans les domaines que nous connaissons mal. L'Opéra est un art exigeant,  mais il peut toucher chacun d'entre nous. J'aime beaucoup ces mots d’Antoine Vitez, "la vulgarisation c'est l'élite pour tous". Je crois qu'il ne doit pas y avoir de compromis sur l'intégrité des oeuvres, surtout quand on va vers un nouveau public. A quelqu'un qui hésiterait à venir, je dirais de retrouver ses émotions d'enfance et le plaisir de franchir l'entrée du chapiteau.


FSFL : Merci et à très bientôt sur la scène de notre chapiteau-opéra.
 



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