30 juin 2014

Interview - Eric SPROGIS



Rencontre avec Eric SPROGIS, directeur musical





Figaro Si, Figaro Là : Eric Sprogis, vous êtes le directeur musical de notre production des Cloches de Corneville de cet été. En quoi consistera votre travail ?

Eric Sprogis : Il a commencé depuis longtemps…presqu’un an ! Après que l’œuvre fut choisie par le Conseil d’Administration de Figaro si, Figaro là, il a fallu déterminer l’ensemble des « forces » musicales que cette option impliquait : nature des rôles (registre vocal, profil des personnages), composition de l’orchestre, type de chœur etc. Ensuite, avec les autres membres du conseil artistique et sous la responsabilité du président  Patrick Bertrand, nous avons construit la distribution, soit en faisant appel à des artistes qui avaient déjà travaillé avec nous, soit en organisant des auditions de recrutement.
Pendant le mois de juillet, mon travail de « conseiller musical » se transforme en chef d’orchestre au cours des répétitions, d’abord avec les chanteurs, ensuite avec l’orchestre…et puis avec tout le monde lors des répétitions générales et, bien sûr, des représentations. Ce travail de direction se fait en étroite collaboration avec Agnès Delume (metteuse en scène) afin que l’ensemble présente la meilleure cohérence musicale, scénique, dramatique.

FSFL : Quel est l’intérêt de représenter aujourd’hui cette œuvre qui fut créée en 1871 ?

ES : Elle fait partie du meilleur du répertoire de l’opéra-comique ou, si l’on préfère, de l’ "opérette classique". Sa musique est d’une grande finesse très représentative de la musique vocale française et beaucoup de ses mélodies sont encore dans la tête de tout un chacun…même si l’on ne sait pas toujours d’où elles sont issues ! Mais, pour lui donner toute sa place dans la programmation culturelle d’aujourd’hui, il faut la monter avec une très grande exigence.

FSFL : A ce propos, avez-vous apporté des changements par rapport à l’œuvre originale ?

ES : Oui. Mais en respectant au plus près la musique de Robert Planquette, le compositeur. Il faut en effet savoir que celui-ci n’a pas écrit lui-même l’orchestration. Planquette a confié une partition « chant et piano » à un autre musicien (dont le nom a été oublié) afin qu’il réalise une version avec orchestre. La partition complète de cette orchestration n’existe plus. Cela m’a donc intéressé de me mettre dans la peau de ce collaborateur et d’écrire une nouvelle orchestration, comme si c’était à moi que Planquette avait confié sa partition ! Cela  me permettait en outre de réaliser une version totalement adaptée à notre orchestre.

FSFL : Quelles options avez-vous prises pour écrire cette nouvelle version ?

ES : Pour tenir compte du caractère très différent de chacun des trois actes, je me suis inspiré de trois grands modèles historiques de l’opéra. Pour le premier acte, ce sont les compositeurs classiques (Mozart, Haydn) qui m’ont guidé. Le deuxième acte (celui du château, des fantômes, de la manipulation…) prendra la couleur des grands opéras français du 19ème siècle (Gounod, Massenet…). Quant au 3ème acte, celui de la fête et des épousailles, il rendra quelques échos de la période baroque (n’oublions pas que l’intrigue originale se situe sous le règne de Louis XV…). Afin de caractériser ces choix, j’ai d’ailleurs composé trois préludes originaux sur des thèmes tirés de l’ouvrage : l’ouverture du premier acte s’inspire des ouvertures de Mozart, celui de l’acte II est un pastiche du Prélude du Faust de Gounod, et celui de l’acte III peut faire penser, par exemple, à la musique de Rameau.
Les options de mise en scène d’Agnès Delume (une troupe de comédiens-chanteurs itinérants qui monte…les Cloches de Corneville) m’ont beaucoup aidé pour ces choix ainsi que le fait que nous jouions sous un chapiteau de cirque.

FSFL : Et le résultat pour le public ?

ES : Cela sonnera, je l’espère, comme une grande fête aux multiples facettes et qui, comme dans toutes les fêtes, nous fera vivre des moments de joie, de détente mais aussi de mystère, de tension, de malentendus… Comme dans la vie !

FSFL : Merci et à très bientôt dans notre chapiteau-opéra.





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