Figaro Si, Figaro Là : Joëlle,
cette année, dans notre nouvelle production du Roméo et Juliette de Gounod, vous allez être un peu sur tous les
fronts. Vous jouerez en effet deux rôles, celui de Gertrude, la nourrice de
Juliette et celui de Stephano, le jeune page des Montaigu. Mais, vous avez
également en charge la conception et la réalisation des costumes qui seront
tous originaux. Pouvez-vous nous dire un mot de ces derniers ?
Joëlle Rallet : La majorité des costumes seront crées pour cette belle
œuvre. Intemporels, ils emprunteront parfois quelques lignes des années 70 et
seront hauts en couleurs.
FSFL : Comment cela se
passe-t-il de la première idée jusqu’à l’apparition du premier costume
sur scène lorsque l’opéra commence ?
JR :
Tout commence par une rencontre avec l’équipe artistique, le choix des
chanteurs, les partis pris par le directeur musical et le metteur en scène.
C’est ensuite un grand travail de concertation avec le metteur en scène, un va
et vient entre ses choix de mise en scène, la prise en compte des chanteurs qui
vont devenir ces beaux personnages, les couleurs, les matières. Une vraie co-construction
prend naissance, je dessine, j’ajuste, propose. J’achète alors les tissus,
patrons et vient l’heure de la confection. Laurent Chauvet, couturier réalise
alors une grande partie des costumes avec expertise et constance, nous travaillons
ensemble sur des grosses pièces à la fois costumes et éléments de décor.
FSFL : Quel est l’intérêt
de réaliser des costumes originaux pour chaque spectacle de notre compagnie
plutôt de se contenter de les louer comme le font souvent ailleurs de
nombreuses productions ?
JR :
Ces costumes sont pensés en fonction des chanteurs qui les porteront et de la
mise en scène. Je ne peux dissocier mes costumes des personnes. Ils sont aussi
réalisés en fonction de leur anatomie, du caractère et de la personnalité que
leur donne le metteur en scène.
C’est une grande chance
aujourd’hui d’avoir cette possibilité de créer et de ne pas seulement ajuster
des costumes d’une autre production. C’est aussi l’atout de Figaro Si Figaro
La : un spectacle conçu dans sa globalité où chaque élément artistique
vient s’articuler au service de l’œuvre et pour le plus grand plaisir du
public.
FSFL : Pendant la
production lyrique de l’été, vous avez plusieurs fonctions artistiques, sur
scène comme chanteuse, en coulisse et en amont comme créatrices des costumes,
mais nous savons que vos talents ne s’arrêtent pas là. En effet, dans le cadre
de votre métier de Conseillère pédagogique musique à l’Education Nationale,
vous collaborez très activement à de nombreuses actions en milieu scolaire
(entre autre avec nous comme pour les récents spectacles
« Cinéchoeurs »). Si l’on ajoute que vous êtes également présidente
de « Vienne en voix » qui organise chaque année un concours international
pour les chanteurs, on ne peut s’empêcher de vous poser deux questions :
comment faites-vous pour tout combiner et quelle cohérence d’ensemble cela
a-t-il dans votre engagement culturel personnel?
JR : C’est justement cette cohérence qui me
porte. Je crée une sorte de maillage, un chemin qui part du travail musical que
j’essaie de transmettre aux élèves des écoles et à leurs enseignants, vers une
pratique professionnelle de chanteuse, deux directions qui se complètent et se
nourrissent dans la réciprocité. La présidence de l’association « Vienne
en Voix » vient compléter ma passion pour l’art lyrique et mon souhait de
proposer un tremplin à de jeunes chanteurs qui viennent passer notre concours
de renommée international. J’ajouterai que de jeunes lauréats se sont vus offrir
des premiers rôles dans les productions de Figaro Si Figaro La.
Enfin je suis une costumière
autodidacte. Ma mère était couturière et j’ai appris en la voyant faire ;
elle ne m’a rien appris directement, elle m’a seulement laissé l’observer et
donner confiance..
FSFL : Un slogan pour
inviter chacun à venir assister à notre Roméo
et Juliette ?
JR : Figaro
Si pour Roméo, Figaro La pour Juliette : juste être là !
FSFL : Merci pour votre
contribution et à très bientôt sous le Chapiteau-Opéra.