...Antonel BOLDAN, qui jouera le rôle de Roméo
Figaro Si,
Figaro Là :
Antonel, vous serez Roméo dans le Roméo
et Juliette de Gounod que nous produirons cet été. Comment abordez-vous ce rôle
du point de vue dramatique et, notamment, quelle est votre conception de ce
personnage mythique ?
Antonel
Boldan : Tout d'abord je tiens à remercier la compagnie Figaro Si,
Figaro La pour m'avoir donné l'opportunité de faire mes débuts dans ce rôle
très important pour moi! Ma vision sur ce personnage qui alimente depuis des
siècles notre imaginaire collectif est assez claire: un Roméo romantique, épuré
et instinctif, qui va au-delà des clichés, et dans ce sens je rejoins tout à
fait la vision d'Agnès Delume...c'est un Roméo presque ésotérique qui, dans sa quête vers la beauté, passe à travers la mort
pour accomplir son destin! Et tout ça sans oublier la fraicheur de cette âme!.
FSFL : Et d’un point de vue vocal pour cette partition ?
AB : Vocalement c'est un rôle
long et tendu avec beaucoup de couleurs et de nuances, et donc un défi pour
tous les ténors. L'écriture vocale et la générosité dramatique du personnage nécessitent une voix lyrique,
virile, à la fois noble et souple! Pour moi le défi de ce rôle c'est d'arriver
à faire justice à ce personnage en faisant passer toute la palette de ces
émotions variées et d'arriver à la dernière page de l'opéra, l'air du tombeau (avec
un si bécarre aigu notamment), avec une voix fraiche comme si c'était le tout-début
de la soirée, et en même temps d'exprimer aussi l'agonie du personnage.
FSFL : C’est la première fois que vous participerez à une tournée de Figaro si
Figaro là qui est caractérisée par des spectacles sous un chapiteau de cirque
itinérant.
Que
pensez-vous de cette option et dans quel esprit abordez-vous cette perspective
?
AB : Je me prépare pour une
nouvelle et différente expérience. Le monde du cirque, dont le chapiteau fait
partie, est magique, avec des personnages hors du commun, et l'opéra l'est aussi…Donc ce cadre particulier
peut ajouter à la magie de l'opéra et
j'espère que le public en sera témoin! Pour moi le challenge sera de m'adapter
à cette acoustique particulière car il ne faut pas oublier que les opéras ont
été créés pour un type spécifique d'acoustique, celle d'un Théâtre à
l'italienne et donc chanter sous chapiteau c'est encore plus difficile!
FSFL : On dit parfois que l’opéra est un genre élitiste. Qu’en pensez-vous et
que diriez-vous à quelqu’un qui n’a jamais assisté à un spectacle lyrique et
que vous voudriez décider à venir?
AB : Ce que vous venez de dire
est étonnant car à l'époque où l'opéra a été inventé c'était plutôt un genre
populaire, à tel point que souvent des airs d'opéra sont entrés directement
dans le folklore populaire qui unissait toutes les classes sociales. Mais les
choses ont bien changé depuis! Alors si quelqu'un aime les vraies histoires
d'amour, le chant, la passion et la magie, l'opéra c'est le bon endroit! Et
puis c'est bien de se laisser surprendre de temps en temps....non?
J'espère surtout qu'à la fin de la représentation, le public
va repartir envouté par cette magie...la magie de l'opéra sous chapiteau!
FSFL :
Vous êtes d’origine roumaine. Trouvez-vous
que les traditions musicales et lyriques de votre pays et plus généralement de
l’Europe centrale sont différentes de celle de la France? Si oui, sur quels points ?
AB : Concernant les traditions musicales,
je pense que nous tous en Europe nous avons baigné dans les mêmes sources, avec
peut-être une petite différence pour l'Europe de l'est où le mode mineur est
prédominant, avec une certaine nostalgie, mélancolie...et un état d'âme qui, en
roumain, s'exprime par un mot intraduisible, « DOR » !
Sinon, comme la société roumaine reste encore assez
imprégnée par ses racines archaïques, il y a peut être à la différence de la
France, un culte de la voix, du chant!
On chante tout le temps et à toute occasion et la langue
roumaine, qui est d'origine latine avec
beaucoup de ressemblances avec l'italien, facilite cela par sa structure et sa
mélodicité. Et puis il y a une grande tradition des voix d'opéra en Roumanie,
et au Conservatoire, nous sommes éduqués dans le respect de tout cela!
FSFL : Quels sont vos projets dans les prochains mois en dehors de notre Roméo et Juliette ?
AB : Pour le moment je suis
profondément accaparé par un autre chef d'oeuvre du répertoire français – Carmen
de G. Bizet – et je vais reprendre le
rôle de Don José à Lyon dans une très belle distribution, sous la direction
musicale de Laurent Pillot.
Ensuite je vais travailler plus de partitions du grand
répertoire italien comme Tosca de
G. Puccini ou le Requiem de
G.Verdi.
FSFL : Merci pour votre contribution et à très bientôt sous le
Chapiteau-Opéra.
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