Rencontre avec Jean FISCHER, baryton
(Henri de
Corneville)
Jean
Fischer dans le rôle de Splendiano, dans Djamileh de Bizet, au festival Bizet
de Bougival, 2009.
Figaro Si, Figaro Là : Jean Fischer, votre répertoire de baryton vous
amène à interpréter aussi bien des ouvrages lyriques, classiques ou plus
contemporains. Cet été vous interprèterez le rôle de Henri, le marquis de
Corneville dans notre production des Cloches
de Corneville. Dans quel esprit aborde-t-on aujourd’hui cette œuvre qui
connut un immense succès populaire dans les théâtres, même si on la rencontre
un peu moins sur les scènes d’aujourd’hui ?
Jean Fischer : L'oeuvre est créée en 1871 après
presque un siècle de révolutions et de conflits. On sent une volonté de
réconciliation et les personnages sont tous humanistes à leur façon. Henri se
dit citoyen du monde et serait prêt à épouser sa servante. Serpolette, quant à
elle est une vraie féministe.
Les
Cloches de Corneville ont cependant souffert d’une tradition d'interprétation
très codifiée et « extérieure » qui a quelque peu étouffé l'ouvrage.
Par exemple, l’habitude prise dans beaucoup d’interprétation d’un accent « normand »,
qui n'était pas voulu par les auteurs.
Il est
important de retrouver cette modernité et de souligner les qualités musicales
et dramatiques qui sont réelles.
FDSL : Quelles sont les difficultés ou les
spécificités de ce rôle ?
JF: On pourrait dire trois actes, trois barytons!
L'acte I un est très tendu et fait penser à la voix de baryton Martin par la
clarté de l'émission. L'acte II est beaucoup plus central et demande une
couleur beaucoup plus sombre. On finit par les grands duos passionnés de l'acte
III qui sont très lyriques.
FSFL : Les productions lyriques de Figaro Si, Figaro Là, ont comme caractéristique d’être montées sous un chapiteau de cirque
itinérant. Vous en avez déjà l'expérience puisque vous interprétiez le rôle du
baron de Gondremarck dans notre Vie
Parisienne en 2011. Que pensez-vous de cette option ?
JF: Ce qui m'a le plus étonné pendant La
vie parisienne, c'est la qualité de l'acoustique. Le plateau en bois donne
aux voix une très belle résonance. Je suis aussi très sensible à l'idée d'une
maison d'Opéra itinérante qui vient à la rencontre du public.
FSFL : L’art lyrique est souvent considéré comme une
forme de culture « élitiste ». Qu’en pensez-vous et à quelles
conditions peut-il devenir ou redevenir populaire ? Que diriez-vous à
quelqu’un qui hésiterait à venir assister à l’une de nos représentations ?
JF: Nous avons tous des idées préconçues dans les
domaines que nous connaissons mal. L'Opéra est un art exigeant, mais il
peut toucher chacun d'entre nous. J'aime beaucoup ces mots d’Antoine Vitez, "la vulgarisation c'est l'élite pour
tous". Je crois qu'il ne doit pas y avoir de compromis sur l'intégrité
des oeuvres, surtout quand on va vers un nouveau public. A quelqu'un qui
hésiterait à venir, je dirais de retrouver ses émotions d'enfance et le plaisir
de franchir l'entrée du chapiteau.
FSFL : Merci et à très bientôt sur la scène de notre
chapiteau-opéra.
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